Le Fils de l’homme dans le nuage
Les deux Christs
Au sixième siècle avant notre ère, l’Auteur de toutes choses a écrit sur le sol du Moyen-Orient, avec des personnages de chair et de sang, le scénario de la Fin des Temps. Mais, puisqu’un jour devant le Seigneur est comme mille ans et mille ans comme un jour, quelques siècles passèrent avant que le rideau ne se lève sur ce drame cosmique : la représentation débuta avec l’ère chrétienne… et se terminera avec elle.
L’acteur principal interprète successivement deux personnages : le premier apparaît au début de la pièce, l’autre à la fin. À l’issue de son premier rôle, il disparaît de la scène en montant au Ciel : premier degré de la métaphore ; au début du second, il descend de l’Esprit : second degré de la métaphore. À son retour, l’intrigue requiert qu’il soit méconnaissable : nouveau costume, nouvelle situation, nouveau nom… Seul son texte permettrait de l’identifier, mais ce n’est qu’à la fin de la représentation que le public reconnaîtra qu’il s’agissait d’un seul et même acteur.
À l’époque où Dieu écrivait cette histoire, un ange montra au prophète Zacharie, dans une vision prémonitoire, l’affiche de la pièce, et lui demanda : « Que vois-tu ? » Zacharie répondit : « Je vois un candélabre tout en or surmonté d’un réservoir. Sept lampes sont sur le candélabre ainsi que sept conduits pour [alimenter en huile] les lampes qui sont dessus. Et deux oliviers sont auprès de lui, l’un à droite du réservoir et l’autre sur sa gauche. »
Zacharie demanda alors à l’ange : « Que représentent ces choses, mon seigneur ? » L’ange, apparemment étonné : « Ne sais-tu pas ce que représentent ces choses ? » Zacharie : « Non, mon seigneur ! » L’ange, constatant que le prophète peinait à comprendre le symbolisme de l’affiche, lui rapporta alors une parole de Dieu qui pourrait le renseigner :
Voici la parole de Yahvé à l’adresse de Zorobabel : « NI PAR LA PUISSANCE NI PAR LA FORCE, MAIS PAR MON ESPRIT », a dit Yahvé des armées. « Qu’es-tu, grande montagne ? Devant Zorobabel, une simple plaine ! Et il produira la maîtresse pierre aux cris de : “Grâce, grâce sur elle !” »
Apparemment, cette explication ne fut pas suffisante puisque, sans transition, Dieu prit la parole et s’adressa directement à Zacharie :
La parole de Yahvé m’advint en ces termes, dit le prophète : « Les mains de Zorobabel ont posé les fondements de cette Maison, et ses mains l’achèveront. Et tu sauras que Yahvé des armées m’a envoyé vers vous ! Car qui a méprisé le jour des petites choses ? Qu’on se réjouisse en voyant la pierre choisie dans la main de Zorobabel. » Puis Dieu termina de renseigner le prophète en lui expliquant le mystère des sept lampes : « Ces sept-là, ce sont les yeux de Yahvé qui circulent par toute la terre. »
Malgré cette intervention divine, Zacharie n’a pourtant pas encore totalement compris la symbolique de l’affiche. Désignant les oliviers, il demande à l’ange : « Que représentent ces deux oliviers, à droite du candélabre et à sa gauche ? » Mais, ce faisant, il découvre un détail qui lui avait d’abord échappé et, sans attendre la réponse, il redemande : « Que représentent les deux rameaux des oliviers qui font couler de sur eux l’huile dorée par les deux conduits d’or ? » L’ange : « Ne sais-tu pas ce qu’ils représentent ? » Zacharie : « Non, mon seigneur. » L’ange d’expliquer :
« Ce sont les deux Oints
qui se tiennent près du Seigneur de toute la terre. »
L’affiche représente donc symboliquement le Seigneur de toute la terre (Dieu) avec, de chaque côté de Lui, deux personnages oints de l’huile qui consacre le Messie (ce terme vient de l’hébreu mâchiah, qui signifie “consacré par l’onction”, “oint”). De chaque côté de Dieu se tiennent donc deux Messies, c’est-à-dire, traduit en grec, deux Christs. Quels sont leurs noms respectifs ? Selon la parole de Dieu rapportée par l’ange, puis Dieu Lui-même, l’un des noms est (d’après le personnage historique de l’Ancien Testament) : “Zorobabel”.
L’autre nom est connu du monde entier, et pas seulement du christ qui le porte. En effet, quand celui-ci est venu dire le Texte de l’Auteur, il s’est présenté sous le nom que la prophétie lui avait donné six siècles plus tôt, d’après celui du compagnon historique de Zorobabel. Il est venu chez lui sous le nom prévu, il a produit les signes de reconnaissance prévus, et les siens — ceux qui occupaient sa Maison — l’ont jeté dehors et assassiné…
Comment célébrer ZOROBABEL, lui qui fut comme un sceau à la main droite, ainsi que JÉSUS fils de Josédek, qui, à leur époque, rebâtirent la Maison et élevèrent chacun à son tour le Sanctuaire consacré au Seigneur, préparé en vue d’une gloire éternelle ?
Vision de Zacharie : le chandelier.
Artiste non identifié (début du XVe siècle).
Texte enluminé : Guiard des Moulins, Bible historiale.
Source : BnF Mandragore
Références des citations
(Les citations strictes sont en bleu, les notes et commentaires sont en vert)
Un jour devant le Seigneur... : 2 Pierre 3, 8.
La métaphore : Voir le Signe du Fils de l’homme, tome 1, chapitre intitulé “Le Ciel est la métaphore de l’Esprit”.
Que vois-tu ? ... Seigneur de toute la terre : Tous ces extraits proviennent de Zacharie 4, 2-14.
Les deux Oints : Littéralement, “les deux fils de l’huile fraîche” (ou étincelante).
Comment célébrer ZOROBABEL... : Siracide (Ecclésiastique) 49, 11-12. Le sceau à la main droite est l’anneau à cachet du chapitre précédent.